"Sur le banc, à quelques mètres de moi,il était assis et regardait fixement la mer. En jetant un regard sur le golfe, je vis le ferry arriver lentement avec majesté. Distraite depuis que j'étais sur cette promenade du bord de mer, je n'avais pas encore pris possession des lieux. Et puis tout à coup ce banc, le golfe, le ferry, cet homme. Il me fallait passer dignement, l'air de ne l'avoir pas remarqué.
Peine perdue.
" C'est bien toi !" s'exclama-t-il en m'apercevant.
Etait-ce bien moi ? Je le dévisageai d'un air curieux.
" Je ne crois pas vous connaître..."
Il se leva subitement désemparé.
"Comment ! Mais c'est bien toi, Lisa. Tu n'as pas changé !"
- Je regrette mon nom n'est pas Lisa.
Et je repartis d'un bon pas.
[...]
Un peu plus loin, au Café du Sud, une table était libre. Je commandai un Martini, histoire de me ravigoter. J'avais posé mon sac sur la chaise voisine. Au moment de payer et chercher mon porte-monnaie, je m'aperçus avec stupeur que la chaise était occupée par un jeune homme triste, pensif, les yeux dans le vague. Il murmurait: "Lisa, Lisa. Réponds-moi !"
Marie-Ange SEBASTI |Heures de pointe |
Editions Le PONT du CHANGE | Mars 2014 | p.55-56
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